Introduction: extrait des Chants de Maldoror, émission radiophonique de l'Atrabilaire M.:
De la même manière que nous nous sentons en marge et au-dessus d'un monde que nous voulons annihiler, les anciens sorciers furent les révolutionnaires du passé. Comme nous détestons nos congénères béotiens et américanisés eux aussi détestaient le prêtre, le roi, le riche. Eux aussi, préparaient en ces occultes cérémonies les bombes des maléfices. Ils empoisonnaient surtout, détruisaient cependant avec plus d'ampleur, savaient répandre dans les campagnes la poudre qui tue les moissons, ensevelir sous les érables, la charge magique dont les troupeaux dépérissent. Et ils s'en prirent surtout à la tendre race des enfants, celle qui, ne gardant pas les c***auds à refusé l'initiation, décimèrent plus radicalement, plus religieusement que les anarchistes modernes, frappèrent la race avant tout, partout, sachant que, quoique fasse l'Homme, il sera toujours l'Homme,
le vil, l'égoïste, le déprédateur du patrimoine d'autrui, la honte du monde, la honte du monde. Cela devenait pour eux un but mystique de débarrasser l'univers de cette lèpre humaine, gagnant la bonne nature, corrompant la Terre faite pour être libre et qui s'avilit d'être l'esclave nourrice.
Li leus nous manguënt,
Qui nous estranglent et nous tuent.
Et s'est si grans mortalités
En bours, en villes, en cités
Et tout par tout le plat pays
Que chascuns en est esbahis ;
N'ame n'oy qui ne prophetise
Pis pour le peuple et pour l'Eglise,
Si que trop serons acroupis ;
Quand chascuns dit : " Vous arés pis,
A cy doleur et meschëance,
Et cy meschief et pestilence ",
Et qui porra endurer
Ne commenc porra on durer ?
Certes les .X. plaies d'Egipte
Contre ce fu chose petite.
Guillaume de Machant (1300-1377)
Le livre du voir dit, vv. 5454 - 5470
(translation of the intro)
[In the same way that we feel alienated from a world we look down upon and wish to eradicate, the ancient sorcerers were the anarchists of the past. As much as we loathe our fellow americanized boeotians, they also despised the aristocracy, the priest, the king. They too would conjure the most nefarious of spells during their nocturnal rites. Poison they did, yet with much more devastation, scattering in the fields the powder that decimates the harvest, burying under the maple trees the sacred seeds gradually wasting away the cattle. And, above all, they tormented the young ones, who by not keeping the toads refused to take part in the initiation, decimated, yet with more extremism and religious fanaticism than modern day anarchists, a**ailed mankind especially, everywhere it could, knowing very well that regardless of what Man may do, he shall always be Man, a vile, egoistic creature, plunderer of his fellow man's heritage, the shame of the world... the disgrace of the world. It became a mystical goal of theirs to rid the universe of this human leprosy which infests mother nature, contaminating the Earth, meant to be free and who debases itself by being the enslaved nurturer.] (trad: Carnage)
De la même manière que nous nous sentons en marge et au-dessus d'un monde que nous voulons annihiler, les anciens sorciers furent les révolutionnaires du passé. Comme nous détestons nos congénères béotiens et américanisés eux aussi détestaient le prêtre, le roi, le riche. Eux aussi, préparaient en ces occultes cérémonies les bombes des maléfices. Ils empoisonnaient surtout, détruisaient cependant avec plus d'ampleur, savaient répandre dans les campagnes la poudre qui tue les moissons, ensevelir sous les érables, la charge magique dont les troupeaux dépérissent. Et ils s'en prirent surtout à la tendre race des enfants, celle qui, ne gardant pas les c***auds à refusé l'initiation, décimèrent plus radicalement, plus religieusement que les anarchistes modernes, frappèrent la race avant tout, partout, sachant que, quoique fasse l'Homme, il sera toujours l'Homme,
le vil, l'égoïste, le déprédateur du patrimoine d'autrui, la honte du monde, la honte du monde. Cela devenait pour eux un but mystique de débarrasser l'univers de cette lèpre humaine, gagnant la bonne nature, corrompant la Terre faite pour être libre et qui s'avilit d'être l'esclave nourrice.
Li leus nous manguënt,
Qui nous estranglent et nous tuent.
Et s'est si grans mortalités
En bours, en villes, en cités
Et tout par tout le plat pays
Que chascuns en est esbahis ;
N'ame n'oy qui ne prophetise
Pis pour le peuple et pour l'Eglise,
Si que trop serons acroupis ;
Quand chascuns dit : " Vous arés pis,
A cy doleur et meschëance,
Et cy meschief et pestilence ",
Et qui porra endurer
Ne commenc porra on durer ?
Certes les .X. plaies d'Egipte
Contre ce fu chose petite.
Guillaume de Machant (1300-1377)
Le livre du voir dit, vv. 5454 - 5470
(translation of the intro)
[In the same way that we feel alienated from a world we look down upon and wish to eradicate, the ancient sorcerers were the anarchists of the past. As much as we loathe our fellow americanized boeotians, they also despised the aristocracy, the priest, the king. They too would conjure the most nefarious of spells during their nocturnal rites. Poison they did, yet with much more devastation, scattering in the fields the powder that decimates the harvest, burying under the maple trees the sacred seeds gradually wasting away the cattle. And, above all, they tormented the young ones, who by not keeping the toads refused to take part in the initiation, decimated, yet with more extremism and religious fanaticism than modern day anarchists, a**ailed mankind especially, everywhere it could, knowing very well that regardless of what Man may do, he shall always be Man, a vile, egoistic creature, plunderer of his fellow man's heritage, the shame of the world... the disgrace of the world. It became a mystical goal of theirs to rid the universe of this human leprosy which infests mother nature, contaminating the Earth, meant to be free and who debases itself by being the enslaved nurturer.] (trad: Carnage)