Réveil courbatures, un café soluble, la brume matinale, c'est toujours la crise. ascenseur en panne, bonjour à la dame, du givre sur le pare-brise. pointeuse à la bourre, une clope dans la cour, un trou dans sa chemise. discussion débile, pendue immobile. toujours et encore le chef qui les brise. sans le connaître on peut dire qu'il avait l'air, d'un bon père, d'un mari exemplaire. jamais un geste déplacé ni un mot de travers, toujours bonjour bonsoir, un mec sans histoire. la sirène qui hurle, les nuages qui brûlent, une journée de plus à ce faire castrer. une grève de métro, un tour au bistrot, pas envie de rentrer. des regards blasés, quelques verres de trop, des poubelles éventrées. le froid et la crasse, un tramway qui passe. pendant un instant son reflet dans la glace. un souvenir d'enfance, une boucle de ceinturon, un soldat en plastique, un pantalon marron, un train électrique, un baiser sur le front, des pas qui font craquer le parquet. une ombre au plafond, un secret bien gardé. sans le connaître on peut dire qu'il avait l'air, d'un type normal, d'un voisin ordinaire, jamais un geste déplacé ni un mot de travers. toujours bonjour bonsoir, un mec sans histoire. encore la douleur, toujours ce cauchemar plus vrai que nature. un dernier hiver, montée de chaleur, une tache sur le mur, un t**re accrocheur rubrique faits-divers. sans le connaître on peut dire qu'il avait l'air, du type pas fier, il avait tout pour plaire, jamais un geste déplacé ni un mot de travers. on ne pouvait pas savoir, un mec sans histoire.