Arthur Rimbaud (1854-1891)
Dans la salle à manger brune, que parfumait
Une odeur de vernis et de fruits, à mon aise
Je ramassais un plat de je ne sais quel met
Belge, et je m'épatais dans mon immense chaise.
En mangeant, j'écoutais l'horloge, - heureux et coi.
La cuisine s'ouvrit avec une bouffée,
- Et la servante vint, je ne sais pas pourquoi,
Fichu moitié défait, malinement coiffée
Et, tout en promenant son petit doigt tremblant
Sur sa joue, un velours de pêche rose et blanc,
En faisant, de sa lèvre enfantine, une moue,
Elle arrangeait les plats, près de moi, pour m'aiser ;
- Puis, comme ça, - bien sûr, pour avoir un baiser, -
Tout bas : " Sens donc, j'ai pris 'une' froid sur la joue... "
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LA TUNANTA
En el comedor pardo, que perfumaba una
mezcla de olor de fruta y de barniz, a gusto,
me hice con un plato de no sé qué guisado
belga, y me arrellané en una enorme silla.
Mientras comía, oí el reloj --feliz, quedo...
La cocina se abrió, inmensa bocanada,
--y la criada entró; y no sé bien por qué
llevaba el chal abierto y un peinado travieso.
Y mientras recorría con su dedo azorado
su cara, un terciopelo, durazno blanco y rosa,
haciendo un gesto ingenuo con su labio de niña,
colocaba los platos, junto a mí, serenándome.
Y luego, distraída, para ganarse un beso,
bajito: «toca, toca: me s'ha enfriao la cara...»
Dans la salle à manger brune, que parfumait
Une odeur de vernis et de fruits, à mon aise
Je ramassais un plat de je ne sais quel met
Belge, et je m'épatais dans mon immense chaise.
En mangeant, j'écoutais l'horloge, - heureux et coi.
La cuisine s'ouvrit avec une bouffée,
- Et la servante vint, je ne sais pas pourquoi,
Fichu moitié défait, malinement coiffée
Et, tout en promenant son petit doigt tremblant
Sur sa joue, un velours de pêche rose et blanc,
En faisant, de sa lèvre enfantine, une moue,
Elle arrangeait les plats, près de moi, pour m'aiser ;
- Puis, comme ça, - bien sûr, pour avoir un baiser, -
Tout bas : " Sens donc, j'ai pris 'une' froid sur la joue... "
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LA TUNANTA
En el comedor pardo, que perfumaba una
mezcla de olor de fruta y de barniz, a gusto,
me hice con un plato de no sé qué guisado
belga, y me arrellané en una enorme silla.
Mientras comía, oí el reloj --feliz, quedo...
La cocina se abrió, inmensa bocanada,
--y la criada entró; y no sé bien por qué
llevaba el chal abierto y un peinado travieso.
Y mientras recorría con su dedo azorado
su cara, un terciopelo, durazno blanco y rosa,
haciendo un gesto ingenuo con su labio de niña,
colocaba los platos, junto a mí, serenándome.
Y luego, distraída, para ganarse un beso,
bajito: «toca, toca: me s'ha enfriao la cara...»