Au compte goutte, la foule finissait d"entrer. Une déferlante avait submergé
les premiers rangs et bientôt plus de place a**ise, on affichait complet.
A l"écart, un recueil flambant neuf surmontait un pupitre, exempt de
toutes écritures et pas encore corné, lorgnait tous ses bourreaux qui une fois
le spectacle fini, s"empresseraient de l"érafler.
De ses loges, son couffin douillet, comme du mercure dans une étuve le trac
montait, hélas, pas de chambre froide pour le faire retomber.
Bien qu"il eut la ferme intention de mettre le feu aux planches, en passant
sa tête dans l"entrebâillement, il fut strangulé net en voyant l"auditorium
plein à craquer...
Jamais il n"aurait cru voir autant de monde pour sa dernière
représentation.
C"était l"affaire de quelques minutes avant d"être sous les feux de la rampe
et déjà il percevait le laïus habituel qu"avait amorcé son chauffeur de salle.
Sa voix bourdonnait comme s"il eut fallu ôter le couvercle pour qu"elle
devienne audible, et autour de lui les maquilleuses s"affairaient.
Un costume, sobre, impeccable, choisi avec soin, tout devait être parfait...
Une musique annonciatrice de son entrée en scène gagnait les coulisses
jusqu"à devenir parfaitement perceptible...son morceau préféré.
Paisible dans son landau ouaté, les mains jointes, une rose déposée sur sa
veste, quelques pétales épars, une photo encadrée et des visages affublés de
tristes mines se penchaient, à tour de rôle, puis se recueillaient un instant.
La maigre lumière filtrée par le vitrail, faible projecteur, accentuait les
cernes de ces figures d"argile des plus familières à celles oubliées...
Mais comment les remercier ? Devenu passe muraille la tâche fut
simplifiée...
Un baiser sur la joue, une caresse sur l"épaule pour ceux qu"il
aimait. Un souffle froid et fétide sur la nuque... et des tiroirs qui claquent... et des
sursauts exquis pour d"innombrables nuits blanches à ceux détestés...
les premiers rangs et bientôt plus de place a**ise, on affichait complet.
A l"écart, un recueil flambant neuf surmontait un pupitre, exempt de
toutes écritures et pas encore corné, lorgnait tous ses bourreaux qui une fois
le spectacle fini, s"empresseraient de l"érafler.
De ses loges, son couffin douillet, comme du mercure dans une étuve le trac
montait, hélas, pas de chambre froide pour le faire retomber.
Bien qu"il eut la ferme intention de mettre le feu aux planches, en passant
sa tête dans l"entrebâillement, il fut strangulé net en voyant l"auditorium
plein à craquer...
Jamais il n"aurait cru voir autant de monde pour sa dernière
représentation.
C"était l"affaire de quelques minutes avant d"être sous les feux de la rampe
et déjà il percevait le laïus habituel qu"avait amorcé son chauffeur de salle.
Sa voix bourdonnait comme s"il eut fallu ôter le couvercle pour qu"elle
devienne audible, et autour de lui les maquilleuses s"affairaient.
Un costume, sobre, impeccable, choisi avec soin, tout devait être parfait...
Une musique annonciatrice de son entrée en scène gagnait les coulisses
jusqu"à devenir parfaitement perceptible...son morceau préféré.
Paisible dans son landau ouaté, les mains jointes, une rose déposée sur sa
veste, quelques pétales épars, une photo encadrée et des visages affublés de
tristes mines se penchaient, à tour de rôle, puis se recueillaient un instant.
La maigre lumière filtrée par le vitrail, faible projecteur, accentuait les
cernes de ces figures d"argile des plus familières à celles oubliées...
Mais comment les remercier ? Devenu passe muraille la tâche fut
simplifiée...
Un baiser sur la joue, une caresse sur l"épaule pour ceux qu"il
aimait. Un souffle froid et fétide sur la nuque... et des tiroirs qui claquent... et des
sursauts exquis pour d"innombrables nuits blanches à ceux détestés...