Regardez ces visages si pleins d'insouciance.
Ces sourires, ces regards respirant l'innocence.
Imaginez les tortures, la douleur et les cris.
Chaque once de leur corps peu à peu engloutie.
La mort à petit feu, morceau par morceau.
Et la peur, en voyant venir la faim dans l'œil de leur bourreau.
Dossier 17 : 14h45, 6 ème jour, veille du verdict. C'était ma 24 ème affaire, une plaidoirie difficile...
6 jours de traumatisme à côtoyer cet homme ou plutôt cet ogre. En effet, 16 victimes, des repas ingurgités en 7 jours, avec une boulimie effroyable. Karl Edman, un romancier spécialisé dans les récits de tortures moyenâgeuses.
Karl se faisait appeler « l'hérétique » dans son quartier du New Jersey. Lunettes rondes, faciès bouffi, a**ez trapu, un physique plutôt avenant. Un bon vivant, un homme enfant, un client plutôt plaisant.
Mais en le voyant pour la première fois, j'étais loin de m'imaginer d'où lui provenaient ces rondeurs sympathiques : 11 femmes, 4 hommes, 1 bébé ; lourd bilan que celui-là. Comment défendre cette histoire, trouver des arguments pour innocenter ce monstre ? Tâche délicate.
Les 5 jours précédents étaient insoutenables pour les familles des victimes. Les détails de ses festins macabres faisaient souvent fuir les âmes sensibles. Les photos des repas de Karl tapissaient les murs du tribunal. Je n'osais deviner de quelle façon il les avait ingurgitées.
Il dévorait ses victimes toujours au dîner.
Pas de compassion dans son récit immonde.
Afin, disait-il, d'en profiter au maximum pendant sa digestion.
Sa gourmandise le poussait à manger parfois 3 personnes par soir.
Quelle délectation ! Ne voit-il pas qu'il est coupable aux yeux du monde ?
La gourmandise est vraiment un défaut ignoble quand il s'agit de nourriture humaine.
6 jours de délibération, à me demander ce que je faisait là, près de ce personnage tout droit sorti d'un conte. Obligé de lui parler, obligé de l'écouter, de suivre son récit, sa façon de penser. En avoir peur au point de s'en approcher, de crainte d'être dévoré.
16 personnes, 16 âmes, avalées par une seule ; aliment d'un autre genre. Aliment de même espèce, aliment dévoré pièce par pièce. Découpées en morceaux...
Pour un bourreau qui acquiesce à la barre la façon invraisemblable de se nourrir de ses semblables. Pour se défendre de ces actes de barbarie d'un autre temps, il se souvenait de ses lectures historiques renfermant les récits de mangeurs de chaire, de gourmandises viscérales :
« Je fais partie de l'histoire, je fais partie de ces livres. Ils ont fait partie de mes festins, ils ont apaisé ma faim. »
Ces sourires, ces regards respirant l'innocence.
Imaginez les tortures, la douleur et les cris.
Chaque once de leur corps peu à peu engloutie.
La mort à petit feu, morceau par morceau.
Et la peur, en voyant venir la faim dans l'œil de leur bourreau.
Dossier 17 : 14h45, 6 ème jour, veille du verdict. C'était ma 24 ème affaire, une plaidoirie difficile...
6 jours de traumatisme à côtoyer cet homme ou plutôt cet ogre. En effet, 16 victimes, des repas ingurgités en 7 jours, avec une boulimie effroyable. Karl Edman, un romancier spécialisé dans les récits de tortures moyenâgeuses.
Karl se faisait appeler « l'hérétique » dans son quartier du New Jersey. Lunettes rondes, faciès bouffi, a**ez trapu, un physique plutôt avenant. Un bon vivant, un homme enfant, un client plutôt plaisant.
Mais en le voyant pour la première fois, j'étais loin de m'imaginer d'où lui provenaient ces rondeurs sympathiques : 11 femmes, 4 hommes, 1 bébé ; lourd bilan que celui-là. Comment défendre cette histoire, trouver des arguments pour innocenter ce monstre ? Tâche délicate.
Les 5 jours précédents étaient insoutenables pour les familles des victimes. Les détails de ses festins macabres faisaient souvent fuir les âmes sensibles. Les photos des repas de Karl tapissaient les murs du tribunal. Je n'osais deviner de quelle façon il les avait ingurgitées.
Il dévorait ses victimes toujours au dîner.
Pas de compassion dans son récit immonde.
Afin, disait-il, d'en profiter au maximum pendant sa digestion.
Sa gourmandise le poussait à manger parfois 3 personnes par soir.
Quelle délectation ! Ne voit-il pas qu'il est coupable aux yeux du monde ?
La gourmandise est vraiment un défaut ignoble quand il s'agit de nourriture humaine.
6 jours de délibération, à me demander ce que je faisait là, près de ce personnage tout droit sorti d'un conte. Obligé de lui parler, obligé de l'écouter, de suivre son récit, sa façon de penser. En avoir peur au point de s'en approcher, de crainte d'être dévoré.
16 personnes, 16 âmes, avalées par une seule ; aliment d'un autre genre. Aliment de même espèce, aliment dévoré pièce par pièce. Découpées en morceaux...
Pour un bourreau qui acquiesce à la barre la façon invraisemblable de se nourrir de ses semblables. Pour se défendre de ces actes de barbarie d'un autre temps, il se souvenait de ses lectures historiques renfermant les récits de mangeurs de chaire, de gourmandises viscérales :
« Je fais partie de l'histoire, je fais partie de ces livres. Ils ont fait partie de mes festins, ils ont apaisé ma faim. »